PARITÉ DE POUVOIR D’ACHAT

 

Les grandeurs et indicateurs économiques d’un pays (PIB) sont mesurés au niveau national évalués aux prix nationaux  et à la devise en cours dans le pays. Cette mesure initiale ne permet pas la comparaison entre pays même si la monnaie entre pays est la même ; le niveau de prix entre pays n’est pas le même (exemple France Allemagne malgré l’euro). Les Parités de pouvoir d’achat  (PPA) sont des déflateurs spatiaux et des facteurs de conversion des monnaies qui éliminent les effets des écarts de prix entre pays et permettent donc la comparaison internationale. Pour pouvoir être comparés, les niveaux doivent être rapportés au nombre d’habitants du pays.

La consommation effective individuelle (CIE), « en aglais AIC », désigne tous les biens et services effectivement consommés par ménages. Elle englobe les biens et services de consommation achetés directement par les ménages, ainsi que les services fournis par les institutions sans but lucratifs et les administrations publiques pour la consommation individuelle (par ex., services de santé et d’éducation). Dans les comparaisons internationales, cet agrégat est généralement préféré au concept plus étroit de dépenses de consommation des ménages, car cette dernière est influencée par la mesure dans laquelle les institutions à but non lucratif et les administrations publiques agissent en tant que prestataires de services.

Bien que le PIB par habitant  est un indicateur important et largement utilisé du niveau de bien-être économique des pays, la consommation par habitant peut être plus utile pour comparer le bien-être relatif des consommateurs dans différents pays.

La consommation effective des ménages par habitant de la France, dépasse de 7 % en 2018  la moyenne européenne des 28 pays (contre 4% pour le PIB). Elle se situe à un niveau inférieur  à ceux de la Belgique (-3,5%), du Royaume-Uni (-5,5%)  et des pays d’Europe du Nord, derrière le Luxembourg, l’Allemagne (-12%).

Les niveaux de prix des biens et services de consommation diffèrent considérablement d’un État membre de l’UE à l’autre. En 2021, le Danemark et l’Irlande (tous deux supérieurs de 40 % à la moyenne de l’UE) avaient les niveaux de prix les plus élevés, suivis par le Luxembourg (32 % de plus), la Suède (28 % au-dessus), la Finlande (26 % au-dessus) et les Pays-Bas (16 % de plus), tandis que les niveaux les plus bas ont été observés en Bulgarie et en Roumanie (44 % en dessous de la moyenne de l’UE), en Pologne (40 % de moins), en Hongrie (33 % de moins), et en Lituanie (28 % de moins).

 

The economic quantities and indicators of a country (GDP) are measured at the national level evaluated at the national prices and the currency in force in the country. This initial measure does not allow comparison between countries even if the currency between countries is the same; the price level between countries is not the same (e.g. France Germany despite the euro). Purchasing Power Parities (PPPs) are spatial deflators and currency conversion factors that eliminate the effects of price differences between countries and therefore allow international comparison. In order to be comparable, the levels must be related to the number of inhabitants of the country.

Actual individual consumption, abbreviated as AIC, refers to all goods and services actually consumed by households. It encompasses consumer goods and services purchased directly by households, as well as services provided by non profit institution and the government for individual consumption (e.g., health and education services). In international comparisons, the term is usually preferred over the narrower concept of household consumption expenditure, because the latter is influenced by the extent to which non-profit institutions and general government act as service providers.

Although GDP per capita is an important and widely used indicator of countries’ level of economic welfare, consumption per capita may be more useful for comparing the relative welfare of consumers across various countries.

The actual household  France’s consumption was 7% higher in 2018 than the European average of 28 countries (compared to 4% for GDP). It is lower than in Belgium (-3.5%), the United Kingdom (-5.5%) and the northern European countries, behind Luxembourg, Germany (-12%).

Price levels for consumer goods and services differ widely among EU Member States. In 2021, Denmark and Ireland (both 40 % above the EU average) had the highest price levels followed by Luxembourg (32 % above), Sweden (28 % above), Finland (26 % above) and the Netherlands (16 % above), while the lowest levels were observed in Bulgaria and Romania (both 44 % below the EU average), Poland (40 % below), Hungary (33 % below), and Lithuania (28 % below).

 

 

«Les parités de pouvoir d’achat (PPA) sont les taux de conversion monétaire qui ont pour objet d’égaliser les pouvoirs d’achat des différentes monnaies en éliminant les différences de niveaux des prix entre pays» OCDE.

«La PPA a été systématisée par l’économiste suédois G. Cassel pendant la Première Guerre mondiale à un moment où la définition de cours d’équilibre se posait du fait de trajectoires inflationnistes nationales différentes sous l’effet du financement des dépenses de guerre. Cette approche fonde le cours de change d’équilibre entre deux monnaies sur leur pouvoir d’achat respectif en biens et services. Cette référence à la PPA a été très utilisée au xxe siècle, même si les études empiriques concluaient parfois à sa non-vérification . Depuis les années 1990, il est admis qu’il existe une force de rappel du taux de change réel vers une valeur stable, mais le processus de convergence vers la PPA est lent. Elle apparaît comme un équilibre de très long terme». Bertrand Blancheton, La parité des pouvoirs d’achat (PPA), 2020.

 

Sommaire

I – LES CONCEPTS

II – UN EXEMPLE DE LA MÉTHODE EKS

III – COMPARAISONS INTERNATIONALES DU PIB PAR HABITANT

IV – COMPARAISONS INTERNATIONALES DE LA CONSOMMATION DES MÉNAGES

V – LES ÉVOLUTIONS DES PIB EN PARITÉ DE POUVOIR D’ACHAT

VI – COMPARAISONS INTERNATIONALES DES PRIX

VII – VOLUMES RELATIFS DU PIB ET CONSOMMATION PAR HABITANT EN 2022

VIII – NIVEAUX DES PRIX POUR LA CONSOMMATION EN 2022

IX – NIVEAUX DES PRIX POUR L’INVESTISSEMENT EN 2022

X – COMPARAISONS RÉGIONALES

 

Résumé

° La parité de pouvoir d’achat (PPA) est une méthode utilisée en économie pour établir une comparaison entre pays du pouvoir d’achat des devises nationales. La parité de pouvoir d’achat (PPA) est un taux de conversion monétaire qui permet d’exprimer dans une unité commune les pouvoirs d’achat des différentes monnaies. Ce taux exprime le rapport entre la quantité d’unités monétaires nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même « panier » de biens et de services.

° Ce taux de conversion peut être différent du « taux de change » ; en effet, le taux de change d’une monnaie par rapport à une autre reflète leurs valeurs réciproques sur les marchés financiers internationaux et non leurs valeurs intrinsèques pour un consommateur.

° Les PPA sont des taux de conversion monétaire appliqués afin de convertir des indicateurs économiques de la monnaie nationale en une monnaie commune artificielle, appelée standard de pouvoir d’achat (SPA), qui égalise le pouvoir d’achat des différentes monnaies nationales et permet un volume significatif de comparaisons entre pays. Par exemple, si le PIB ou la consommation individuelle effective (CIE – « AIC en anglais ») par habitant exprimé dans la monnaie nationale de chaque pays participant à la comparaison est divisé par sa PPA, les chiffres obtenus neutralisent l’effet des différences de niveaux de prix et indiquent ainsi le volume réel du PIB ou de la CIE à un niveau de prix commun. Pour des pays qui n’ont pas la même monnaie à l’intérieur d’une zone comme l’UE, lorsqu’elle est divisée par le taux de change nominal d’une année donnée, la PPA fournit une estimation du niveau des prix d’un pays donné par rapport, par exemple, au total de l’UE.

° Pour comparer de manière pertinente le niveau de consommation par habitant au sein de l’Union européenne (UE), il est ainsi indispensable de raisonner en parités de pouvoir d’achat (PPA). Ceci permet d’égaliser les pouvoirs d’achat des différentes monnaies en neutralisant les différences de prix entre pays et de calculer des volumes de consommation par habitant comparables d’un pays à l’autre. Il est par ailleurs préférable de se placer sur le champ de la consommation effective des ménages, (que du PIB par habitant, artificiellement gonflé dans certains pays à fiscalité faible par la délocalisation d’entités percevant des redevances de brevets ou ayant des licences de reproduction de logiciels). Il faut alors considérer l’ensemble des biens et services que les ménages consomment effectivement, que la dépense leur incombe ou qu’elle soit prise en charge par les administrations publiques (État, collectivités territoriales et organismes de sécurité sociale) ; cela concerne notamment l’éducation, la santé et le logement.

° Les agrégats les plus communément comparés sont :

Le PIB et le PIB par habitant comme mesure de la « richesse » des pays. Le produit intérieur brut par habitant, ou par tête (PIB par habitant ou par tête) est un indicateur  du niveau d’activité économique. C’est la valeur du PIB divisée par le nombre d’habitants d’un pays. Il est plus efficace que le PIB  pour mesurer le développement d’un pays, cependant, il n’est qu’une moyenne donc il ne permet pas de rendre compte des inégalités de revenu et de richesse au sein d’une population (voir page Richesse et consommation).

– La consommation effective et la consommation effective par habitant considérées comme des composantes du bien-être des ménages. La consommation effective inclut les dépenses de consommation effectivement à la charge des ménages (dépense de consommation finale des ménages) mais aussi les dépenses dont les  ménages bénéficient à titre individuel tout en étant prises en charge par la collectivité (administrations publiques et institutions sans but lucratif au service des ménages).

– Le revenu national brut (RNB) et le RNB par habitant qui par rapport au PIB reflètent mieux le niveau de vie des seuls résidents du territoire car ils prennent en compte les revenus du travail et de la propriété reçus ou distribués au reste du monde.

 

 

 

 

 

 

 

I – LES CONCEPTS

Les grandeurs économiques sont mesurées au niveau national, évaluées aux prix nationaux et dans la monnaie du pays. Même lorsque les pays considérés partagent une même monnaie (cas de la zone euro par exemple), la comparaison internationale de ces grandeurs économiques nécessite de prendre en compte le fait que les niveaux de prix entre pays sont différents : un même bien ne sera pas vendu au même prix dans les différents pays de la zone euro et en conséquence, un même niveau de revenu ne permettra pas d’acheter le même panier de biens selon les pays. Les PPA (Parités de Pouvoir d’Achat) sont une construction statistique qui associe niveau relatif des prix et taux de change et permet de comparer les grandeurs économiques entre pays en les évaluant dans une monnaie commune et à un niveau de prix uniforme [4], [5].

Cette mesure initiale ne permet pas la comparaison entre pays moyennant plusieurs précautions (voir page Comptabilité nationale et comparaisons internationales). Même si la monnaie entre pays est la même (par exemple l’euro), le niveau de prix entre pays ne serait pas le même.

Les PPA sont ainsi des déflateurs qui permettent de faire un partage prix-volume en dimension spatiale. Déflater les dépenses en valeur par les PPA permet d’obtenir une dépense qualifiée de « réelle » qui reflète uniquement les différences de volumes entre pays, ces dépenses étant exprimées dans une monnaie commune qui peut être celle d’un pays de référence ou une monnaie fictive comme le Standard de Pouvoir d’Achat (SPA). Les PPA  éliminent ainsi les effets des écarts de prix entre pays et permettent en théorie donc la comparaison internationale [6].

L’Insee en donne la définition suivante : « La parité de pouvoir d’achat (PPA) est un taux de conversion monétaire qui permet d’exprimer dans une unité commune les pouvoirs d’achat des différentes monnaies. Ce taux exprime le rapport entre la quantité d’unités monétaires nécessaire dans des pays différents pour se procurer le même « panier » de biens et de services » [7]. Un guide méthodologique a été publié [8].

« Ce taux de conversion peut être différent du « taux de change » ; en effet, le taux de change d’une monnaie par rapport à une autre reflète leurs valeurs réciproques sur les marchés financiers internationaux et non leurs valeurs intrinsèques pour un consommateur ».

Les PPA sont ainsi utilisés avant tout dans les comparaisons internationales de niveau de vie. Les PPA servent principalement à convertir les agrégats des comptes nationaux, tels que le produit intérieur brut (PIB) de différents pays, en agrégats en volume comparables. L’application de taux de change nominaux dans ce processus surestimerait le PIB des pays où les prix étaient élevés par rapport aux pays où les prix étaient bas. En effet, les taux de change reflètent essentiellement les cours des devises évoluant en fonction des échanges extérieurs et non le prix moyen des produits dans chaque pays. L’utilisation des PPA garantit que le PIB de tous les pays est évalué à un niveau de prix uniforme et ne reflète donc que les différences dans le volume réel de l’économie.

Les niveaux des prix comparés sont le ratio entre les parités de pouvoir d’achat (PPA) et les taux de change du marché pour chaque pays. Les parités de pouvoir d’achat (PPA) sont des taux de conversion monétaires qui convertissent des indicateurs économiques exprimés en monnaies nationales en une monnaie commune appelée standard de pouvoir d’achat (SPA), qui égalise le pouvoir d’achat des différentes monnaies nationales et permet donc d’effectuer des comparaisons significatives.

Les PPA sont également appliquées dans les analyses des niveaux de prix relatifs dans les pays. À cette fin, les PPA sont divisées par le taux de change nominal actuel pour obtenir un indice de niveau de prix (IPL) qui exprime le niveau de prix d’un pays donné par rapport à un autre ou par rapport à un groupe de pays comme les États membres de l’UE.

Les PPA sont ainsi principalement utilisées pour convertir les dépenses de différents pays en une monnaie et un niveau de prix communs afin de garantir la comparabilité. Par exemple, une série chronologique en prix courants du PIB par habitant, exprimée en monnaie nationale, déflatée par la PPA actuelle de chaque année, garantit la comparabilité des volumes relatifs d’un pays à l’autre. Cependant, les taux de croissance ne refléteront pas la croissance réelle, car les dépenses sont exprimées en prix.

Les PPA doivent être ainsi utilisées avec grande prudence pour mener des comparaisons spatiales sur des données économiques qui ne sont pas celles pour lesquelles les PPA ont été précisément calculées [1] (les nombres entre crochets renvient à la bilbilographie en fin de page)  (voir encadré) ; Ils est ainsi assez risqué de faire une comparaison dans le temps, par exemple pour l’analyse de la convergence des prix dans le temps : d’une part parce que la comparaison PPA repose sur une structure de produits qui change d’enquêtes en enquêtes et d’autre part parce que les évaluations PPA le sont à partir d’une structure de prix et de produits qui est celle permettant de comparer les pays entre eux, et non de rendre compte aussi bien que le fait la comptabilité nationale de la structure économique de chacun des pays, à un moment donné. Enfin dans les PPA, on « neutralise » les échanges extérieurs. Donc la croissance apparente du PIB corrigée des PPA (les séries des PPA vues en séries temporelles) ne rend jamais compte du partage volume prix des échanges extérieurs (qu’on appelle les termes de l’échange).

 

 

Néanmoins, lorsqu’ils sont présentés sous forme d’index (avec, par exemple, EU28 = 100) et par habitant, ils peuvent être utilisés comme un outil d’analyse dans les comparaisons temporelles.

Dans leur forme la plus simple, les parités de pouvoir d’achat sont des rapports de prix en monnaie nationale d’un même bien ou service dans deux pays. Par exemple, si un kilo de pommes (variété: Granny Smith, qualité 1a) coûte 2 euros en France et 5 francs en Suisse, la parité de pouvoir d’achat du kilo de pommes entre la Suisse et la France équivaut à 2.50 Fr. pour 1 €. Ces relations simples entre deux prix sont ensuite agrégées jusqu’au produit intérieur brut global.

Les PPA peuvent faire référence à un seul produit, à un groupe de produits ou à l’économie dans son ensemble. En remontant la hiérarchie de l’agrégation, les PPA font référence à des assortiments de plus en plus complexes de biens et de services. Ainsi, si la PPA du PIB (« l’économie dans son ensemble ») entre la France et le Royaume-Uni est de 1,39 euro la livre, on peut en déduire que pour chaque livre dépensée sur le PIB au Royaume-Uni, 1,39 euro aurait être dépensé en France pour acheter le même volume de biens et services. L’achat du « même volume de biens et de services » ne signifie pas que des paniers de biens et services identiques seront achetés dans les deux pays.

 

 

1/ Le programme de comparaison d’EUROSTAT et de l’OCDE [2], [3] : Parités de pouvoir d’achat – PIB par habitant – niveau des prix

Ce programme vise à comparer le volume réel du PIB par habitant dans les différents pays. Le programme de comparaison permet en premier lieu d’établir des indices de volume servant à mesurer le volume réel (en parité de pouvoir d’achat) du produit intérieur brut par habitant d’un pays. En deuxième lieu, il sert à comparer le niveau des prix des différents pays tant au niveau du PIB global que pour divers groupes de produits. Ces deux indicateurs sont établis sur la base des parités de pouvoir d’achat.

Les indices de volume sont calculés en convertissant le PIB nominal par habitant d’un pays au moyen de la parité de pouvoir d’achat (et non de la parité des cours de change) en une monnaie commune factice, qui est ensuite indexée.

Le niveau des prix des groupes de produits des différents pays est calculé en faisant le rapport entre la parité de pouvoir d’achat et la parité des cours de change; la parité de pouvoir d’achat et donc le niveau des prix varient pour chaque groupe de produits.

 

 

Du PIB par habitant en monnaie nationale aux indices réels de volume des PPA du PIB par habitant (2010)

Classification du programme de comparaison

Source: Programme de comparaison d’Eurostat et de l’OCDE

 

 

 

 

2/ La décomposition volume-prix

Comparer les grands agrégats revient à en décomposer les valeurs – ce qui est observé – en leur composante prix et leur composante volume, cette dernière reflétant à la fois les évolutions en quantité et en qualité de l’agrégat. Le plus aisé pour réaliser ce partage volume-prix est de collecter l’information sur les prix, plus facilement observables que les volumes. On parle alors d’une approche prix.

 

 

2/ L’approche demande du PIB

Le dispositif PPA porte sur l’ensemble du champ des dépenses de consommation des ménages, des dépenses des administrations publiques et de la formation brute de capital fixe des unités résidentes et vise à identifier et à calculer des parités de référence pour chacun de ces agrégats. Il ne porte pas sur la valeur ajoutée par branche

L’approche demande du PIB est traduite par l’équation :

PIB = consommation des ménages + consommation des APU+ consommation des ISBLSM + FBCF +solde commercial + variation des stocks

Dans ce cadre, il s’agit de déterminer des parités de pouvoir d’achat correspondant à ces agrégats. Les PPA sont calculés pour chaque agrégat de la comptabilité nationale à un niveau de détail plus fin que cette équation générale qui agrège l’ensemble des produits.

Le calcul de parités de pouvoir d’achat (PPA) permet ainsi la comparaison en volume, au même moment mais entre des zones géographiques différentes, du PIB ou de ses emplois [9]. Les PPA sont utilisées dans le cadre de la recherche économique et de l’analyse politique pour les comparaisons internationales.

Cette comparaison passe par le calcul d’indices de prix spatiaux qui permettent de déflater les agrégats en valeur que l’on souhaite comparer. La comparaison, à un instant donné, des différences de niveaux de prix entre deux zones est, à priori, un problème équivalent à la comparaison dans une même zone, des niveaux de prix entre deux dates distinctes : il suffit d’inverser la notion de date et de zone géographique. Si le problème est effectivement équivalent dans le cas de deux régions, il se complique singulièrement dès qu’il y en a davantage : le chaînage – qui est la meilleure solution dans un contexte multi-périodique – n’est plus adapté du fait de la pluralité des « chemins » reliant une zone à une autre. La recherche d’indices transitifs passe par d’autres méthodes. Deux d’entre elles sont effectivement mise en oeuvre par Eurostat et l’OCDE : les méthodes EKS et GK. De façon très schématique, le principe de la méthode EKS est de valoriser dans chaque pays un panier représentatif commun à tous les pays entrant dans la comparaison ; Toute la difficulté réside dans la construction de ce panier commun ou de ce système de prix médian. Quand on sait la difficulté de mesure de l’effet-qualité dans l’évolution des prix de la plupart des produits de chaque pays, on comprend mieux cette difficulté.

 

 

4/ La monnaie de référence

Avec les PPA, les différents agrégats pour être comparés sont rapportés à une monnaie d’évaluation commune.

Pour la Banque mondiale, la monnaie de référence utilisée pour les PPA est dérivée du dollar américain et s’appelle « Dollars US aux prix moyens de l’OCDE » abrégés « Dollars OCDE ». Ce Dollar US OCDE est un Dollar qui reflète les niveaux des prix moyens de l’OCDE à 30.

Pour Eurostat, l’unité monétaire dans laquelle sont exprimées les dépenses finales réelles est une unité monétaire fictive appelée Standards de Pouvoir d’Achat (SPA). Ce SPA correspond à un euro dont le pouvoir d’achat est une moyenne pondérée du pouvoir d’achat des monnaies nationales des états membres de l’Union. Il reflète les niveaux de prix moyens dans l’UE à 28.

 

 

 

 

 

II – UN EXEMPLE DE LA MÉTHODE EKS

Il s’agit de calculer des indices de prix spatiaux afin de déflater les agrégats en valeur que l’on souhaite comparer. La comparaison, a un instant donne, des différences de niveaux de prix entre deux zones est, a priori, un problème équivalent a la comparaison d ns une même zone, des niveaux de prix entre deux dates distinctes : il suffit d’inverser la notion de date et de zone géographique. Si le problème est effectivement équivalent dans le cas de deux régions, il se complique singulièrement des qu’il y en a davantage : le chainage — qui est la meilleure solution dans un contexte multi périodique — n’est plus adapte du fait de la pluralité des « chemins » reliant une zone a une autre. La recherche d’indices transitifs passe par d’autres méthodes.

La méthodes EKS est la plus connue. De façon très schématique, le principe de la méthode EKS est de valoriser dans chaque pays un panier représentatif commun à tous les pays entrant dans la comparaison ; toute la difficulté réside dans la construction de ce panier commun ou de ce système de prix médian. Cette méthode présente deux inconvénients : la non-additivité des agrégats; l’incohérence avec les évolutions temporelles (on ne peut pas comparer les PPA de l’année n et celles de l’année n – 1).

On peut comparer les agrégats de plusieurs pays et faire un classement en terme de meilleures parités de pouvoir d’achat. Les PIB calculés en standard de pouvoir d’achat présentent les mêmes problèmes que les PIB « en volume » d’une autre année.

Pour les comparaisons multilatérales (3 pays au moins), les indices EKS sont préconisés par EUROSTAT.

Dans l’exemple suivant, on considère 3 pays A,B et C et deux produits (un bien et un service).

Pays A bien quantité 60 prix 1, service quantité 40 prix 2

Pays B bien quantité 60 prix 1, service quantité 40 prix 1

Pays C bien quantité 40 prix 2, service quantité 60 prix 1

Le calcul des PPA se fait en plusieurs étapes.

a) première étape : calcul de la matrice des indices de Fischer bilatéraux

Mais cette matrice est non transitive :
b) seconde étape : calcul de la matrice des indices de Fischer bilatéraux

Pour que les indice soient transitifs,  on utilise la méthode EKS.

La matrice qui résulte du calcul EKS (et donc transitive) est :

On observe qu’au final au final le PIB du pays B est plus élevé que celui du pays A.

 

Dans cet exemple on voit que les parités de pouvoir d’achat (appelés aussi indice EKS) sont définies à une constante multiplicative près. Les PPA des 3 pays sont respectivement, PPAA=1, PPAB=0,7, PPAC=1,02 : avec le même montant de revenu nominal, on pourra obtenir un panier de biens dans le pays C 1,02 fois supérieur à ce que l’on obtiendrait dans le pays A.

Si la monnaie de référence choisie est celle du pays A, les parités sont respectivement :

Formellement PA = 1 et on a PB = EKSBA = 0.70 et PC = EKSCA = 1.02.

Le tableau des PPA est le suivant :

En supposant que la monnaie de référence est celle du pays A, un standard de pouvoir d’achat (SPA) vaut une unité de monnaie nationale dans le pays A (pays de référence), 0,7 unité de monnaie nationale dans le pays B et 1,02 unité de monnaie nationale dans le pays C (PPAA=1, PPAB=0,7, PPAC=1,02).

Toujours dans ce même cadre de la monnaie de référence, les PIB peuvent alors être exprimés dans la même monnaie et dans un référentiel de prix commun. Ainsi, les PIB en SPA des pays A, B et C seront PIBA/1, PIBB/0,7 et PIBC/1,02 si le pays A est choisi comme référence.

On passe ainsi des PIB en volume ….

… au PIB en SPA

Les PIB en SPA des pays A, B et C sont respectivement

PIBA=140,

PIBB=100/0.70 = 143

PIBC= 140/1.02 = 137

Pour l’OCDE le pays de référence est les États-Unis et la monnaie de référence le dollar américain; pour Eurostat c’est l’euro.

 

 

 

 

III – COMPARAISONS INTERNATIONALES DU PIB PAR HABITANT

1/ PIB et consommation individuelle effective (AIC) par habitant en SPA dans le monde

Un grand programme de calcul de PPA a été mis en place au niveau mondial, sous la responsabilité de l’ONU et réparti entre diverses institutions internationales. Le tableau suivant montre les indices du PIB et de la consommation effective des ménages par habitant en SPA, avec UE-27=100, pour une sélection de pays. Alors que le PIB par habitant est principalement un indicateur du niveau d’activité économique, l’AIC (« actual indicidual consumption »), consommation finale effective  par habitant est un indicateur alternatif mieux adapté pour décrire le bien-être matériel des ménages. L’AIC comprend les biens et services réellement consommés par les individus, que ces biens et services soient achetés et payés par les ménages, par le gouvernement ou par des organisations à but non lucratif.

Le PIB par habitant varie énormément dans le monde : de 2 % de l’UE-27 à 264 %. Pour l’AIC, la différence est plus petite, mais toujours grande. Le Luxembourg est le pays avec le PIB par habitant le plus élevé au monde et l’AIC par habitant le plus élevé de l’UE-27. La grande différence entre les deux indicateurs pour ce pays est due à la part importante des travailleurs frontaliers dans l’emploi total. Bien qu’ils contribuent au PIB, ces travailleurs ne sont pas pris en compte dans la population résidente, qui est utilisée pour calculer le PIB par habitant. L’AIC, en revanche, n’inclut que la consommation des résidents. Les États-Unis sont le pays avec le plus haut niveau d’AIC par habitant au monde. La Bulgarie, le pays avec les niveaux de PIB et de CIE par habitant les plus bas de l’UE-27, a des niveaux plus élevés que, par exemple, le Brésil. En effet, le Brésil a des niveaux de prix nettement plus élevés que la Bulgarie (voir ci-dessous). Le Burundi a enregistré le niveau le plus bas de PIB par habitant, tandis que pour l’AIC par habitant, le niveau le plus bas est enregistré par le Niger.

PIB et consommation individuelle effective (AIC) en SPA par habitant, 2017, EU-27=100

Source : Programme de comparaison internationale (PCI) de 2017

 

Le classement des pays en terme de PIB en parité de pouvoir d’achat (PPA)  n’est pas très significatif. On ne s’y attarde donc  pas trop. Il existe plusieurs listes des pays par PIB à parité du pouvoir d’achat (PPA) selon les sources : FMI, Banque Mondiale, World Factbook de la CIA, OCDE,…, On a choisi cette dernière à partir d’un document de lOCDE, Comptes nationaux trimestriels, Volume 2020 Numéro 4. Ne sont répertoriés que les pays de l’OCDE. Les données sont corrigées des variations saisonnières (CVS). La Chine n’est pas dans les tableaux suivants alors qu’elle est en tête au niveau mondial. L’intérêt de ce document est de décomposer le PIB selon ses principales composantes et donc de voir et comparer quelles sont les contributions de chaque agrégat au PIB total ? On note ainsi un niveau relativement élevé de la Dépense de consommation finale des administrations (APU) en France. S’agissant du PIB en PPA, la France se trouve en 5 ème position des pays de l’OCDE légèrement derrière le Royaume-Uni.

 

 

2/ Le PIB et ses composantes dans les pays de l’OCDE

 

 

 

 

 

3/ Le PIB par habitant et la consommation individuelle effective dans l’UE

La méthode EKS est utilisée par Eurostat pour les comparaisons des pays de l’UE. Pour l’appliquer, Eurostat considère 1 000 produits pour la Dépense de consommation des ménages et 300 pour la FBCF.

Le PIB est une mesure de l’activité économique. Il est défini comme la valeur de tous les biens et services produits moins la valeur des biens et services utilisés pour leur création. L’indice de volume du PIB par habitant en standards de pouvoir d’achat (SPA) est exprimé par rapport à la moyenne de l’Union européenne (EU28) fixée à 100. Si l’indice d’un pays est supérieur à 100, le niveau du PIB par tête pour ce pays est supérieur à la moyenne de l’Union européenne et vice versa. Les chiffres de base sont exprimés en SPA, c’est-à-dire dans une monnaie commune qui élimine les différences de niveaux de prix entre les pays, permettant des comparaisons significatives du PIB en volume entre les pays. Il est à noter que l’indice, calculé à partir des chiffres en SPA et exprimé par rapport à EU28 = 100, est destiné aux comparaisons internationales plutôt qu’aux comparaisons temporelles. En France il était à 102 en 2022 (117 en Allemagne et 96 en italie)

Le PIB par habitant peut être utilisé pour comparer la production économique d’économies de tailles différentes. Au sein de l’UE, ce taux est passé de 31 310 euros en 2019 à 30 030 euros en 2020. Il a cependant connu un rebond en 2021 et a ensuite continué de croître en 2022, le PIB par habitant de l’UE atteignant 35 210 euros. Étant donné que le coût de la vie varie d’un endroit à l’autre, les informations présentées ici ont été adaptées pour refléter les écarts de prix entre les pays en utilisant une devise artificielle appelée standard de pouvoir d’achat (SPA). Sur la base de cette mesure, le niveau de vie relatif de chaque État membre de l’Union peut être exprimé par rapport à la moyenne de l’UE, établie à 100. En 2022, la valeur la plus élevée a été enregistrée au Luxembourg, où le PIB par habitant en SPA était 2,6 fois plus élevé que la moyenne de l’UE. En revanche, le PIB par habitant en Bulgarie s’élevait à près de trois cinquièmes (58,7 %) de la moyenne de l’UE.

Le PIB par habitant de 3 pays (Luxembourg, Irlande, Pays Bas) est artificiellement gonflé par les redevances de brevets dont bénéficient ces pays suite à l’installation sur leur territoire d’entités juridiques des grandes entreprises américaines du numérique. Ceci explique en partie que les économistes préfèrent commenter la consommation effective des ménages par habitant.

 

 

 

La France est au vingtième rang dans le classement du RNB par habitant en 2016. Elle est au 22 ème rang en 2018 pour le PIB par habitant. Elle était au 12 ème rand en 1980. On note de nouveau des difficultés d’interprétation pour quelques pays dont l’Irlande (au quatrième rang en 2018) dont le PIB a augmenté très fortement par exemple en 2015 suite à l’implantation des sièges sociaux de grandes sociétés américaines et d’unités porteuses de brevets, ce qui est évidement contestable. Le Luxembourg est aussi concerné par ce phénomène.

.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

IV – COMPARAISONS INTERNATIONALES DE LA CONSOMMATION DES MÉNAGES

1/ les dépenses effectives individuelles (consommation) par habitant

Les données sur la dépense de consommation finale et la consommation finale effective (réelle) sont donc plus comparables que celles du PIB qui intègrent les investissements des entreprises américaines en Irlande ou au Luxembourg, voire aux Pays Bas [10]. Les revenus de ces sociétés repartent aux États-Unis. Certes de nombreuses entreprises américaines dont implantées en France mais pas de la même manière (pas de sièges sociaux ou de sociétés détentrices de brevets mais des sociétés qui versent des salaires qui ne repartent pas aux États Unis) et avec moins de poids. La consommation par habitant n’est pas aussi élevé que le PIB par habitant en Irlande et au Luxembourg.

Pour pouvoir être comparés, les niveaux doivent être rapportés au nombre d’habitants du pays. La consommation effective des ménages (dépense de consommation des ménages + dépense des APU individualisables) par habitant ainsi obtenue permet cette comparaison. En 2018, celle de la France, dépasse de 7 % la moyenne européenne des 28 pays (contre 4% pour le PIB). Elle se situe à un niveau inférieur  à ceux de la Belgique (-3,5%), du Royaume-Uni (-5,5%)  et des pays d’Europe du Nord, derrière le Luxembourg, l’Allemagne (-12%) ou encore l’Autriche.

Volume de la consommation effective des ménages par habitant par catégorie de produits en 2018

 

La France se distingue par une consommation effective par tête en santé dépassant de 28 % la moyenne de l’UE. Elle se situe ainsi en 4e position, légèrement derrière la Belgique, l’Allemagne et le Danemark, mais très loin devant le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne. Les prix des biens et services médicaux (avant remboursement) sont modérés en France, légèrement inférieurs à la moyenne. En France, la consommation effective par habitant en éducation est supérieure de 14 % à la moyenne. Elle se situe devant celle du Royaume-Uni (6 % au-dessus de la moyenne). Elle est beaucoup plus élevée que celles de l’Allemagne, de l’Espagne et de l’Italie. Pour la santé comme l’éducation, la part des dépenses de consommation prises en charge par les administrations publiques (principalement en santé, éducation et logement) dans la consommation effective des ménages est plus importante en France (22 %) que dans l’ensemble de l’UE (19 %).

En France, pour les biens et services de communication, la consommation par habitant dépasse de 12 % la moyenne de l’UE, loin devant l’Italie, le Royaume-Uni et surtout l’Espagne, mais nettement derrière l’Allemagne. Pour le logement, elle est supérieure de 10 % à la moyenne, presque à égalité avec  l’Italie, mais devant l’Allemagne (5 % au-dessus de la moyenne) et surtout le Royaume-Uni et l’Espagne qui se situent sous la moyenne (respectivement de 6 % et 11 %). La consommation par tête en énergie liée au logement va du simple au triple et dépend en partie des conditions climatiques. En France, elle est supérieure de 15 % à la moyenne. consommations liées aux transports (y compris les achats de véhicules) dépassent de 9 % la moyenne de l’UE, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni (29 % et 24 % au-dessus de la moyenne) mais devant l’Italie et l’Espagne (autour de la moyenne).

 

La dépense de consommation des ménages correspond aux dépenses que les ménages supportent directement. La consommation individualisable des administrations publiques correspond aux dépenses de biens et de services financées par la collectivité, dont les bénéficiaires peuvent être précisément définis. Elle comprend notamment les dépenses publiques d’éducation, les dépenses hospitalières et les remboursements de soins de ville ainsi que les allocations logement.

La consommation effective des ménages correspond à l’ensemble des biens et services que les ménages consomment, que la dépense correspondante leur incombe ou qu’elle soit prise en charge par les administrations publiques (État, collectivités territoriales et organismes de sécurité sociale).

Elle est donc la somme de la dépense de consommation des ménages et de la consommation individualisable des administrations publiques et des institutions sans but lucratif au service des ménages. Elle permet de comparer les niveaux de consommation des pays de l’Union européenne, en tenant compte de la prise en charge par la collectivité de dépenses au bénéfice des ménages, prise en charge qui varie d’un pays à l’autre.

 

Le volume de consommation par habitant pour un groupe de produits donné, correspond au niveau relatif des dépenses de consommation pour ce groupe de produits, après ajustement des parités de pouvoir d’achat et des différences de population entre pays.

Les français consomment davantage que leurs partenaires européens dans les domaines du logement (y compris l’eau, l’énergie et les travaux domestiques) (+10% par rapport à la moyenne des 28 pays), des transport (+4,5%) de l’éducation (+14%) et surtout de la santé (+27%).

Cette consommation supérieure à la moyenne européenne n’est pas liée à des niveaux de prix plus bas : au contraire, les prix des biens et services consommés en France dépassent de 9 % la moyenne européenne. Les niveaux de prix sont en effet très variables d’un pays à l’autre au sein de l’Union, dans un rapport de un à trois. Les pays du Nord ont majoritairement les niveaux de prix les plus élevés tandis que ceux d’Europe centrale et orientale ont les prix les plus bas.

 

2/ Les résultats de l’enquête sur le budget des ménages

L’enquête sur le budget des ménages est une enquête nationale menée par les États membres de l’UE et coordonnée ex post par Eurostat, collectant des données principalement sur les dépenses de consommation des ménages en biens et services. Ces données sont complétées par des informations sur la taille et la composition des ménages, les revenus et les caractéristiques des personnes vivant dans les ménages.

Le graphique suivant montre qu’en 2020, plus de 60 % des dépenses de consommation des ménages (60,6 %) dans 23 États membres de l’UE, pour lesquels des données sont actuellement disponibles, ont été consacrées aux trois catégories de consommation suivantes ( COICOP ) :Logement , eau, électricité, gaz et autres combustibles (32,7 %), alimentation et boissons non alcoolisées (17,1 %) et transports (10,8 %).

Structure des dépenses de consommation par COICOP, UE, 2020

 

Les dépenses de logement, d’eau, d’électricité, de gaz et d’autres combustibles représentaient la part la plus élevée du budget des ménages dans la grande majorité des États membres de l’UE. Cela allait de 8,4 % à Malte à 49,2 % en Hongrie.

La part des dépenses des ménages consacrée à l’alimentation et aux boissons non alcoolisées variait de 9,4 % au Luxembourg à 27,6 % en Roumanie. Les aliments et les boissons non alcoolisées représentaient le poste le plus important du budget des ménages dans seulement deux États membres de l’UE, en Estonie (22,3 %) et à Malte (19,8 %).

Les dépenses des ménages en transport variaient de 5,2 % en Roumanie à 18,5 % en Slovénie. Il s’agit du deuxième poste le plus important du budget des ménages en Slovénie (18,5 %), au Luxembourg (16,3 %), au Danemark (14,3 %), en Autriche (13,9 %) et en Allemagne (13,5 %).

Structure des dépenses de consommation par COICOP, 2020 (Part (%) des dépenses totales de consommation, par pays)

 

 

a) Dépense de consommation moyenne par personne (équivalent adulte)

La carte suivant présente la dépense de consommation moyenne par équivalent adulte en standards de pouvoir d’achat (PPA) pour 2020 pour les États membres de l’UE. Les données ne sont pas disponibles partout.

En 2020 (année du Covid), les dépenses de consommation moyennes, pour les 23 États membres de l’UE qui ont fourni les données, étaient de 17 260 SPA par équivalent adulte. En 2015, la valeur était de 17 338 SPA pour tous les États membres de l’UE.

Les valeurs pour 2020 allaient de 8 680 SPA en Bulgarie à 32 755 SPA au Luxembourg. En 2015, le Luxembourg a également enregistré la valeur la plus élevée des dépenses de consommation moyennes (31 893 SPA), tandis que la valeur la plus basse en 2015 a été enregistrée en Roumanie (6 750 SPA).

En comparant les données de 2020 aux données de 2015 (graphique suivant), les dépenses de consommation moyennes ont augmenté dans 14 États membres de l’UE sur les 23 pour lesquels des données sont fournies. Les États membres de l’UE ayant enregistré les plus fortes augmentations ont été la Hongrie et la Roumanie (30 % ou plus) au cours de la période 2015-2020. Les plus fortes baisses ont été enregistrées en Slovaquie (-17 %) et en Belgique (-11 %).

Dépense moyenne de consommation par équivalent adulte, 2020, (en SPA)

Source : Eurostat

Dépense moyenne de consommation par équivalent adulte, 2020 et 2015, (en SPA)

 

 

b) Dépenses de consommation moyennes par revenu

Les dépenses de consommation moyennes (en SPA par équivalent adulte) des groupes de quintiles de revenu inférieur (premier) et supérieur (cinquième) sont présentées dans le graphique suivant, ainsi que leur ratio, qui indique le niveau des inégalités.

Dans la moitié des États membres de l’UE, la dépense de consommation moyenne par personne des 20 % de ménages aux revenus les plus élevés était plus du double de celle des 20 % de ménages aux revenus les plus faibles

Sur les 21 États membres de l’UE qui ont fourni des données sur les revenus, il y avait 10 États membres pour lesquels les dépenses de consommation moyennes (par équivalent adulte) des ménages aux revenus les plus élevés étaient plus du double de celles des ménages aux revenus les plus faibles. En particulier, l’inégalité la plus élevée a été enregistrée en Lettonie, où la consommation moyenne dans le groupe du quintile de revenu le plus élevé était 2,6 fois plus élevée que dans le groupe du quintile de revenu le plus bas. C’était également le cas à Chypre, en Bulgarie et en Allemagne, tous avec des ratios de 2,4. En France le ratio était de 2,2 soit un peu plus que dans l’UE. Les 11 États membres restants avaient des ratios inférieurs à 2, les ratios les plus bas de 1,4 étant signalés pour la Pologne et de 1,3 pour la Belgique et la Slovaquie.

Dépenses de consommation moyennes par quintile de revenu, 2020, (en SPA par équivalent adulte)

 

 

 

 

 

V – LES ÉVOLUTIONS DES PIB EN PARITÉS DE POUVOIR D’ACHAT

Les comparaisons entre pays sont souvent effectuées à l’aide de parités de pouvoir d’achat (PPA) qui sont des valeurs ajustées pour tenir compte des différences de niveaux de prix entre les pays. On note que les données présentées dans les graphiques suivants et dans le tableau suivant sont en prix courants et ne devraient pas être utilisées pour calculer les taux de variation en raison de l’inflation et des fluctuations des taux de change.

En substance, les PPA sont des indicateurs spatiaux de niveau de prix et conviennent donc principalement aux comparaisons faisant référence à plusieurs zones géographiques à un moment donné.

Les séries du PIB par habitant en PPA sont utilisables dans les temps, – Eurostat publie les séries – mais avec prudence vu que les PPA ne sont pas établies pour faire ce type de comparaisons temporelles.

En analysant des chiffres de plusieurs sources différentes, qui abordent le sujet par des méthodologies différentes, on constate que l’évolution du PIB par habitant des pays analysés est similaire, peu importe la méthodologie utilisée.  En effet, Eurostat utilise le PIB en volumes chaînés de 2010 en euros pour tous les pays. La Banque mondiale utilise le même procédé, cependant en se basant sur le dollar américain comme monnaie de référence, d’une part et d’autre part en appliquant une parité de pouvoir d’achat (PPA).

Depuis le début des années 2000, le PIB par habitant de la France est inférieur à celui de la Belgique, de la Suède, de l’Allemagne et des Pays Bas. L’écart avec l’Allemagne, la Suède et les Pays Bas serait aussi dû au niveau de dette publique. Ces pays voient le niveau de leur dette par rapport au PIB diminuer depuis le début des années 2000. On peut aussi expliquer la divergence entre le niveau de la consommation par habitant et le PIB par habitant entre la France (le niveau du premier est relativement plus élevé que celui du second) et les autres pays par l’importance du taux d’endettement.

 

Mais les principaux facteurs qui expliquent le retard de la France sur des économies comme celle de l’Allemagne sont, notamment, le taux de chômage (ou faible taux d’emploi) et la trop faible durée du travail. En effet, la France affiche un taux de chômage bien plus élevé que celui de l’Allemagne, es Pays Bas, la Suède, ou encore la Belgique. De plus, on constate que la France accuse un retard de plus de 10 points sur l’Allemagne concernant le taux d’emploi, ce qui impacte lourdement son PIB par habitant. Cette relation mérite d’être confirmée car le Royaume Uni a quasiment le même niveau de PIB par habitant avec un taux d’emploi de 10 points supérieur à celui de la France. En matière de productivité, l’Allemagne surpasse également la France, notamment en niveau. Une des principales raisons de cet écart peut s’expliquer par la capacité allemande à développer « des secteurs à forte valeur ajoutée et à forte productivité ».

La croissance du PIB par habitant dépendrait ainsi principalement de deux facteurs. Premièrement, la productivité du travail qui représente « le rapport entre le PIB et le nombre d’heures effectivement travaillées sur le territoire économique considéré ». Deuxièmement, l’intrant en travail par habitant qui exprime « le nombre moyen d’heures effectives de travail par habitant » sur une année.

On peut en effet cumuler la croissance de la productivité du travail et celle de l’intrant en travail par habitant pour obtenir le taux de croissance du PIB par habitant. Sur la période allant de 2002 à 2013, la France affiche une productivité du travail relativement faible. Quelques pays (Grèce, Italie et Belgique) font moins bien sur le plan européen. Cependant, en ce qui concerne l’intrant en travail par habitant, la grande majorité des pays analysés subissent un choc (décroissance), y compris la France. Le cumul de ces deux résultats donne un taux de croissance du PIB par habitant faible par rapport aux autres pays européens, bien que supérieur à celui du Danemark, de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie et de la Grèce.

 

 

1/ Les évolutions depuis 1995 dans le monde

On observe une certaine convergence des PIB par habitant avec le temps, par exemple au vue des séries croissantes des pays de l’Europe de l’Est. Le PIB par habitant de la France, exprimé par rapport à la moyenne de l’Union européenne (EU28) fixée à 100 ne cesse de baisser à partir de 2000, malgré un léger tassement avec la crise de 2007, mais une reprise de la baisse à partir de 2013. Sur longue période (1995-2018), son évolution est somme toute assez proche de celle du Royaume Uni malgré des à coups. Le PIB par habitant de l’Allemagne ne progresse plus depuis 2011 après une forte croissance entre 2007 et 2011, mais qui faisait elle même suite à une baisse avant. Celui de l’Italie est en chute continue depuis 1995. Celui de l’Espagne connaît une forte croissance jusqu’à la crise de 2007, suivie d’une chute brutale jusqu’en 2010. Après quoi il stagne jusqu’en 2018.

 

 

 

2/ Les évolutions depuis 2005

En 2021, le PIB de l’UE s’élevait à 14,5 billions de SPA (14 500 milliards PPS) (pour l’UE, un PPA est égal à un euro). Les chiffres des SPA sont destinés à des comparaisons entre pays plutôt qu’à des comparaisons temporelles, car ils ne peuvent être considérés comme des séries chronologiques pour des raisons méthodologiques. Néanmoins, il est intéressant de noter que la Chine avait historiquement un niveau de production économique inférieur à celui de l’UE ou des États-Unis, mais que cette situation a changé avec la transformation rapide et l’expansion continue de l’économie chinoise. Le PIB chinois en PPA a atteint un niveau en 2013 qui était — pour la première fois — supérieur à celui enregistré pour l’UE. En 2017, le PIB chinois en SPA a atteint un niveau presque égal à celui enregistré aux États-Unis et, en 2018, il a dépassé le niveau des États-Unis; en 2019 et 2020, elle est allée plus loin.

PIB aux prix courants du marché, 2005-2021, (en milliards de SPA)

 

La zone euro représentait 80,4 % du PIB de l’UE en 2021 (mesuré en PPA), contre 84,8 % en 2005. En 2021, la somme des quatre plus grandes économies des États membres de l’UE (Allemagne, France, Italie et Espagne) représentait un peu moins des trois cinquièmes (59,5 %) du PIB de l’UE (en PPA), soit 4,7 points de pourcentage de moins que leur part cumulée 16 ans plus tôt (en 2005). L’Allemagne représentait à elle seule 22,2 % du PIB de l’UE en 2021, contre 22,4 % en 2005. Les parts des trois autres plus grands États membres ont diminué plus fortement entre 2005 et 2021, en baisse de 2,4 points de pourcentage en Italie, de 1,4 point de pourcentage en Espagne et de 0,6 point de pourcentage en France.

Pour évaluer le niveau de vie, il est courant d’utiliser le PIB par habitant, c’est-à-dire ajusté en fonction de la taille d’une économie en termes de population: la population de l’UE en 2021 était de 448 millions d’habitants. En 2021, le PIB moyen par habitant de l’UE (en prix courants) s’élevait à 32 330 EUR. Les valeurs exprimées en SPA ont été ajustées pour tenir compte des différences de niveaux de prix d’un pays à l’autre. La position relative des différents pays peut être exprimée par une comparaison avec la moyenne de l’UE, ce qui correspond à 100 (voir le côté droit du tableau 2). Sur la base de cette mesure, la valeur la plus élevée parmi les États membres de l’UE a été enregistrée pour le Luxembourg, où le PIB par habitant en SPA était 2,77 fois plus élevé que la moyenne de l’UE en 2021 (ce qui s’explique en partie par l’importance des travailleurs frontaliers de Belgique, de France et d’Allemagne). En revanche, le PIB par habitant en SPA en Bulgarie représentait un peu plus de la moitié (55 %) de la moyenne de l’UE.

PIB aux prix courants du marché, 2005-2021

Une comparaison des chiffres des PPA par rapport à l’UE pour 2005 et 2021 confirme une certaine convergence des niveaux de vie. La plupart États membres qui ont adhéré à l’UE en 2004, 2007 ou 2013  sont passés d’une position légèrement inférieure à la moyenne de l’UE en 2005 pour se rapprocher de la moyenne de l’UE en 2021, malgré certains revers pendant la crise financière et économique mondiale (graphique suivant). Parmi les  États membres, l’Italie et l’Espagne sont également passées d’une position supérieure à la moyenne de l’UE à une position inférieure à celle-ci. La Grèce et le Portugal sont allés plus loin en dessous de la moyenne de l’UE. Le Danemark et le Luxembourg ont dépassé la moyenne de l’UE, tout comme l’Irlande. Les autres États membres nordiques et occidentaux — l’Allemagne, la Belgique, la Suède, la Finlande, les Pays-Bas, la France et l’Autriche — sont passés d’une position supérieure à la moyenne de l’UE en 2005 à une position plus proche (mais toujours supérieure) de la moyenne de l’UE en 2021.

PIB par habitant aux prix courants du marché, 2005 et 2021, (UE = 100; basé sur le SPA par habitant)

 

3/ Comparaison entre le PIB des États-Unis et de la Chine

Dans les années 1990, la Chine avait commencé à rattraper son retard sur les Etats-Unis. A l’époque, son PIB nominal n’était que de 361 milliards de dollars, contre près de 6000 milliards côté américain. Trente ans plus tard, après des années de croissance considérable, la Chine produisait en 2019 plus de 14.000 milliards de dollars de richesses, se rapprochant à grands pas de son rival dont le PIB était de 21.000 milliards.

Évolution du PIB des États-Unis et de la Chine,(En milliers de milliards de dollars courants)

Source : Banque Mondiale

 

La Chine est néanmoins devenue la première économie mondiale en 2016 si l’on se fie à l’évolution du PIB en parité de pouvoir d’achat.

La Chine déjà première économie mondiale en parité de pouvoir d’achat (Évolution du PIB en dollars, en parité de pouvoir d’achat)


Source : Banque Mondiale

 

Mais la Chine ne s’est jamais félicité publiquement de ce croisement des courbes en 2016. La priorité de la Chine était d’éradiquer la pauvreté dans les campagnes et de devenir une « société de moyenne aisance en 2020 ». Il faut dire que mesuré par habitant, le PIB chinois en parité de pouvoir d’achat (21.476 dollars en 2022) reste largement inférieur à celui des États-Unis (76.399 dollars).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VI – COMPARAISONS INTERNATIONALES DES PRIX

1/ En France, des prix supérieurs à la moyenne européenne de 7%

Les niveaux des prix comparés sont le ratio entre les parités de pouvoir d’achat (PPA) et les taux de change du marché pour chaque pays. Les parités de pouvoir d’achat (PPA) sont des taux de conversion monétaires qui convertissent des indicateurs économiques exprimés en monnaies nationales en une monnaie commune appelée standard de pouvoir d’achat (SPA), qui égalise le pouvoir d’achat des différentes monnaies nationales et permet donc d’effectuer des comparaisons significatives.

Les indices de niveau de prix mesurent les différences de prix entre les pays; ils sont exprimés en pourcentage des prix de la moyenne de l’UE, qui est donc établie à 100. En 2021, l’indice global de niveau de prix était le plus élevé au Luxembourg, en Irlande et au Danemark, tous ayant des valeurs supérieures de plus de 40 % à la moyenne de l’UE. Les niveaux de prix représentaient environ la moitié de la moyenne de l’UE en Roumanie et en Bulgarie. Le degré de variation des niveaux de prix était relativement faible pour les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées, avec les prix les plus élevés au Luxembourg (25 % supérieurs à la moyenne de l’UE) et les plus bas en Roumanie (30 % inférieurs). La situation était semblable pour les transports, avec les prix les plus élevés au Danemark et en Suède (28 % supérieurs à la moyenne de l’UE) et les plus bas en Bulgarie et en Roumanie (31 % inférieurs). En revanche, les prix variaient davantage pour le logement, l’eau et l’énergie, de 94 % au-dessus de la moyenne de l’UE en Irlande à 64 % en dessous en Bulgarie.

Niveaux de prix relatifs (UE = 100, 2022)

 

Source: Eurostat

 

Le ratio du tableau suivant est exprimé par rapport à la moyenne de l’UE (EU28 = 100). Si l’indice des niveaux des prix comparés d’un pays est supérieur (inférieur) à 100, le pays concerné est relativement cher (bon marché) par rapport à la moyenne de l’UE.

En 2018, les prix étaient plus élevés dans les pays d’Europe du Nord ainsi qu’au Luxembourg et plus bas dans les pays d’Europe centrale et de l’Est. Une comparaison sur les 28 pays de l’UE montre des prix supérieurs à la moyenne de 38 % au Danemark , de 7 % en France et de 4 % en Allemagne. Les pays les plus chers de l’Union européenne – le Luxembourg et le Danemark – pratiquent des prix presque trois fois plus élevés que le pays le moins cher – la Bulgarie. Entre ces deux groupes extrêmes, l’Italie se situe au niveau de la moyenne européenne (UE28). Le Royaume-Uni pratique des prix supérieurs aux prix français, donc à la moyenne européenne (18% au-dessus). En revanche, la plupart des pays méditerranéens ont des prix inférieurs à cette moyenne UE28 : de 6 % en Espagne, de 18 % en Grèce  et de 15% au Portugal.

Niveaux de prix comparés par catégorie de produits en 2018 moyenne de l’UE28

 

Les positionnements des pays selon les prix ou selon leur niveau de consommation relatif sont en général assez proches : les prix relatifs sont plus élevés dans les pays où les volumes de consommation sont plus élevés et inversement (graphique suivant). Quatre groupes de pays apparaissent. Tout d’abord, l’Europe du Nord (Danemark, Irlande, Suède, Finlande) avec les prix les plus élevés, de 23 % à 42 % au-dessus de la moyenne de l’UE. Puis 7 pays d’Europe de l’Ouest avec des prix supérieurs également à la moyenne, mais à un moindre niveau (jusqu’à 18 %) : Royaume- Uni, Pays-Bas, Autriche, Belgique, France, Allemagne, Italie. Ces deux groupes ne contiennent que des États de l’UE15. Suivent 6 pays d’Europe méridionale avec des prix inférieurs de 6 % à 18 % à la moyenne : Espagne, Chypre, Portugal, Slovénie, Malte, Grèce. Enfin, 10 pays d’Europe de l’Est ont les prix les plus bas, inférieurs à la moyenne de 24 % (Estonie) à 54 % (Bulgarie).

 

En restreignant la comparaison à des pays plus homogènes, les prix français se situent exactement au niveau moyen de l’UE15, et 4 % au-dessus de la moyenne de la zone euro. Le niveau relatif des prix exprimé dans une monnaie commune dépend du taux de change courant. Ainsi, quand la livre sterling s’est dépréciée entre 2015 et 2018 (– 22 %), le niveau relatif des prix au Royaume-Uni par rapport aux autres pays de l’UE a baissé de 13 % sur la même période. D’autres facteurs interviennent également, notamment les différences de productivité, de coût du travail, d’intensité de la concurrence, de structure des réseaux de distribution et de fiscalité (comme pour le tabac). Entre pays de l’UE, les différences de prix sont plus importantes pour les services que pour les biens à la consommation. Les biens, plus échangeables d’un pays à l’autre que les services, sont plus exposés à la concurrence internationale, ce qui tend à égaliser leurs prix. La dispersion des prix est ainsi dans un rapport de un à deux pour les biens contre un rapport de un à quatre pour les services.

Globalement, les prix, analysés sur des biens de même qualité, sont ainsi plus forts dans les pays aux niveaux de vie les plus élevés Ce constat est imputable à des différentiels de productivité entre pays. Pour être compétitifs, les pays les moins productifs versent des salaires plus faibles dans les secteurs produisant des biens échangeables. Les salaires des autres secteurs, où les différences de productivité sont moindres, sont également plus faibles, ce qui se traduit in fine par des prix plus bas de leurs produits non échangeables, principalement dans les services.

Au-delà de cet effet, le niveau relatif des prix dépend également du taux de change. De multiples autres facteurs interviennent également dans les niveaux de prix, notamment les différences de coût du travail, de structure des réseaux de distribution, d’intensité de la concurrence, de fiscalité.

 

 

 

2/ Indices du niveau des prix du PIB et de la consommation effective des ménages au niveau mondial

Le tableau suivant montre les indices de niveau des prix (INP) pour le PIB et l’AIC (consommation effective des ménages) pour une sélection de pays. Un INP supérieur à 100 indique que le niveau des prix pour le pays respectif est supérieur au niveau moyen des prix de l’UE-27, et vice versa pour un INP inférieur à 100. Le tableau montre que, généralement, aucune grande différence entre les INP pour le PIB et L’AIC existe. Le pays avec les INP les plus élevés au monde, tant pour le PIB que pour l’AIC, est les Bermudes. Le Danemark a les INP les plus élevés parmi les États membres de l’UE pour les deux indicateurs. La différence entre les INP les plus élevés et les plus bas du monde (trouvé en Égypte) est d’environ 8 fois, alors que cet écart au sein de l’UE-27 est d’environ 3 fois.

Indices de niveau des prix pour le PIB et l’AIC, 2017, EU-27=100

Source : Programme de comparaison internationale (PCI) de 2017

 

 

 

 

VII – VOLUME RELATIF DU PIB ET CONSOMMATION PAR HABITANT EN 2022

Dans les comparaisons internationales des données des comptes nationaux, telles que le PIB par habitant, on a vu qu’il est souhaitable non seulement d’exprimer les chiffres dans une monnaie commune, mais aussi de tenir compte des différences de niveaux de prix. Ne pas le faire entraînerait une surestimation des niveaux de PIB pour les pays à niveaux de prix élevés, par rapport aux pays à niveaux de prix bas.

Alors que le PIB est principalement un indicateur du niveau d’activité économique, la consommation individuelle effective (CIE = AIC en anglais) est un indicateur alternatif mieux adapté pour décrire le bien-être matériel des ménages.

En 2022, le Luxembourg et l’Irlande ont enregistré le niveau de PIB par habitant le plus élevé de l’ UE, à 161 % et 133 % au-dessus de la moyenne de l’UE. La Bulgarie était l’État membre de l’UE avec le PIB par habitant le plus bas, à 41 % en dessous de la moyenne de l’UE. Les niveaux de consommation individuelle effective  étaient un peu plus homogènes, mais montraient toujours des différences significatives à travers l’Europe.

Le Luxembourg a de loin le PIB par habitant le plus élevé parmi les pays, étant plus de deux et trois quarts de fois supérieur à la moyenne de l’UE. Cela s’explique en partie par le fait qu’un grand nombre de résidents étrangers sont employés dans le pays et contribuent ainsi à son PIB, alors qu’ils ne font pas partie de la population résidente luxembourgeoise. Leurs dépenses de consommation sont enregistrées dans les comptes nationaux de leur pays de résidence. Le niveau élevé du PIB par habitant en Irlande s’explique en partie par la présence de grandes sociétés multinationales détentrices de propriété intellectuelle (voir page PIB irlandais) : son PIB par habitant est supérieur de 135 % à la moyenne de l’UE, suivi du Danemark, des Pays-Bas, de l’Autriche et de la Belgique, chacun avec un PIB par habitant supérieur de plus de 20 % à la moyenne.

La Suède, l’Allemagne, la Finlande et Malte sont les autres États membres de l’UE avec un PIB par habitant supérieur à la moyenne de l’UE, suivis par la France avec un PIB par habitant égal à la moyenne de l’UE. L’Italie, Chypre, la Tchéquie et la Slovénie ont un niveau de PIB par habitant inférieur de moins de 10 % à la moyenne de l’UE. La Lituanie, l’Espagne et l’Estonie ont un PIB par habitant inférieur de 10 % à 20 % à la moyenne de l’UE. Le PIB par habitant de la Pologne, du Portugal, de la Hongrie, de la Roumanie, de la Croatie, de la Lettonie et de la Slovaquie est inférieur de moins de 30 % à la moyenne. La Grèce, la Turquie, pays candidat, et la Bulgarie ont un PIB par habitant inférieur de moins de 40 % à la moyenne. Le pays candidat, le Monténégro, se situe à 50 % en dessous de la moyenne de l’UE, suivi par les pays candidats que sont la Serbie, la Macédoine du Nord, la Bosnie-Herzégovine et l’Albanie.

L’Allemagne, la Finlande et enfin la France (indice 100) sont les autres États membres de l’UE dont le PIB par habitant est supérieur à la moyenne de l’UE. La France a en réalité un indice inférieur la Zone euro (104). L’Italie (96), la Tchéquie (92) et la Slovénie (91) ont un niveau de PIB par habitant inférieur de moins de 10 % à la moyenne de l’UE. La Lituanie, l’Estonie et l’Espagne (85) ont un PIB par habitant entre 10 % et 20 % inférieur à la moyenne de l’UE. Le PIB par habitant de la Pologne, de la Hongrie, du Portugal, de la Roumanie, de la Lettonie et de la Croatie est inférieur de moins de 30 % à la moyenne. La Slovaquie, la Grèce et la Turquie, pays candidat, ont un PIB par habitant inférieur de moins de 40 % à la moyenne. La Bulgarie se situe à 45 % en dessous de la moyenne de l’UE.

De nouveau la consommation individuelle effective (CIE) est un meilleur indicateur pour les comparaisons internationales. Alors que le PIB est principalement un indicateur du niveau d’activité économique, la CIE est un indicateur alternatif mieux adapté pour décrire le bien-être matériel des ménages. Les indices de volume de la CIE par habitant des pays se trouvent dans la partie droite du tableau suivant. Généralement, les niveaux de la CIE par habitant sont plus homogènes que le PIB, mais il existe toujours des différences substantielles entre les États membres de l’UE. Le Luxembourg a le niveau le plus élevé de CIE par habitant parmi les pays inclus dans cette comparaison à 38% au-dessus de la moyenne de l’UE. Il est suivi par l’Allemagne (18%) ainsi que l’Autriche, et les Pays-Bas (16%), la Belgique (15%) puis quelques pays dont la France (7%). Si le Luxembourg peut être considéré comme appartenant à une division à part entière en termes de PIB, cela l’est moins pour la CIE. L’Irlande, qui a le deuxième niveau de PIB par habitant le plus élevé de l’UE, a une CIE par habitant inférieur de 13 % à la moyenne de l’UE.

Les niveaux de consommation individuelle effective étaient un peu plus homogènes, mais montraient toujours des différences significatives à travers l’Europe. En France, l’indice de du PIB par habitant est de 104 en 2021 contre 105 en 2020 puis continue de diminuer à 102 en 2022.  En revanche l’indice du volume de la CIE a un peu progressé : 109 en 2022 contre 107 en 2018 mais 111 en 2021 (voir chapitre 3).

 Indices de volume du PIB et de la consommation individuelle effective (« AIC« ) par habitant, 2022 (UE=100)

Indices de volume par habitant, 2020-2022, (UE=100)

Source ; Eurostat (les pays sont triés par l’indice de PIB par habitant en 2021)

 

 

 

 

VIII – NIVEAUX DES PRIX POUR LA CONSOMMATION EN 2022

1/ Niveaux de prix globaux

Le tableau suivant montre les niveaux de prix des pays à droite, avec la moyenne de l’UE à 100, pour la CIE (AIC) uniquement. La discussion se limite aux niveaux de prix de la CIE, car cela est plus proche du concept de niveaux de prix que les gens connaissent qu’un indicateur de niveau de prix basé sur le PIB.

Le Luxembourg présente les niveaux de prix les plus élevés parmi les États membres, 53 % au-dessus de la moyenne de l’UE. Cependant, les pays de l’AELE, la Suisse, l’Islande et la Norvège, affichent des niveaux de prix plus élevés, respectivement 84 %, 73 % et 53 % supérieurs à la moyenne de l’UE. Les États membres de l’UE, le Danemark, l’Irlande, la Suède, la Finlande et les Pays-Bas, affichent des niveaux de prix supérieurs de plus de 20 % à la moyenne de l’UE. La Belgique, l’Autriche, l’Allemagne, la France et l’Italie sont les autres États membres de l’UE où les prix sont supérieurs à la moyenne de l’UE.

L’Espagne, Chypre, l’Estonie et Malte ont un niveau de prix inférieur de 10 % à la moyenne de l’UE, suivis par la Slovénie, le Portugal, la Grèce, la Lettonie et la Slovaquie, avec un niveau de prix inférieur de 20 % à la moyenne de l’UE. La Tchéquie et la Lituanie ont un niveau de prix situé à moins de 30 % en dessous de la moyenne de l’UE, suivies par la Croatie et la Hongrie avec des niveaux de prix inférieurs de 40 % à cette moyenne. La Pologne, suivie par la Serbie, pays candidat, la Bulgarie, État membre de l’UE, le Monténégro, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, pays candidat, et la Roumanie, État membre de l’UE, affichent des niveaux de prix compris entre 40 % et 50 % inférieurs à la moyenne de l’UE. Les pays candidats de Macédoine du Nord et de Turquie affichent respectivement des niveaux de prix inférieurs de 53 % et 64 % à la moyenne de l’UE.

Les taux de change jouent un rôle crucial dans la détermination des niveaux de prix et les mouvements des taux de change ont donc souvent un impact important sur l’évolution des niveaux de prix au fil du temps. En fait, plusieurs des changements majeurs du niveau des prix observés entre 2020 et 2022 peuvent s’expliquer au moins en partie par les fluctuations de la monnaie d’un pays par rapport à l’euro.

Taux de change et indices de niveau de prix (INP) pour la CIE (AIC), 2020-2022, (UE=100)

Source ; Eurosat ( les pays sont triés par les indices des prix de la CIE en 2022)

 

 

2/ Niveaux des prix des aliments, des boissons, du tabac, des vêtements et des chaussures

Le Le tableau suivant présente les indices des niveaux de prix (INP) pour quatre groupes importants : aliments, boissons non alcoolisées, boissons alcoolisées et tabac. Ces groupes représentent respectivement en moyenne 16 %, 2 %, 2 % et 3 % des dépenses des  ménages. À titre de référence, les INP des dépenses de consommation finales des ménages (HFCE) sont également présentés. Les INP les plus élevés et les plus bas par groupe de produits parmi les 27 États membres de l’UE sont indiqués en gras. Les champs ombrés indiquent les INP les plus élevés et les plus bas parmi les 36 pays participants.

Parmi les 36 pays participants, la Suisse est le pays le plus cher pour l’alimentation, la Norvège pour les boissons non alcoolisées, l’Islande pour les boissons alcoolisées et l’Irlande pour le tabac. Parmi les États membres de l’UE, le Luxembourg est le pays le plus cher pour les produits alimentaires, le Danemark pour les boissons non alcoolisées, la Finlande pour les boissons alcoolisées et l’Irlande pour le tabac. Les pays les moins chers parmi les 36 sont la Turquie pour les produits alimentaires et le tabac, la Macédoine du Nord pour les boissons non alcoolisées et la Hongrie pour les boissons alcoolisées. Parmi les États membres de l’UE, les prix les plus bas pour les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées sont observés en Roumanie. Les boissons alcoolisées sont les moins chères en Hongrie, le tabac est le moins cher en Bulgarie.

La dispersion des prix est la plus prononcée au sein du groupe de 36 pays, comprenant à la fois les pays de l’AELE où les prix sont élevés et les pays des Balkans occidentaux où les prix sont généralement bas. La dispersion des prix est la plus faible pour les boissons non alcoolisées, et la plus élevée pour le tabac, principalement en raison de grandes différences dans les droits d’accise sur ces dernières dans les 36 pays. La dispersion des prix est beaucoup moins prononcée dans la zone euro que dans l’UE dans son ensemble.

Indice du niveau des prix de l’alimentation, des boissons, de l’habillement et des chaussures, 2022, UE=100

Source : Eurostat

 

 

3/ Niveaux de prix de l’énergie, des meubles, des appareils électroménagers et de l’électronique grand public

Le tableau suivant présente les IPL pour quatre autres groupes de biens et services (voir ci-dessous pour une description du contenu de ces groupes) :

  • énergie (électricité, gaz et autres combustibles) ;
  • meubles et articles d’ameublement, tapis et autres revêtements de sol ;
  • appareils ménagers;
  • électronique grand public.

Ces groupes représentent respectivement en moyenne 5 %, 2 %, 1 % et 1 % des dépenses de consommation finale des ménages.

La dispersion des prix varie considérablement entre ces quatre groupes de produits, étant plus prononcée pour l’électricité, le gaz et les autres combustibles. Parmi les 36 pays participants, le Danemark est le pays le plus cher et la Hongrie le moins cher.

Pour les trois autres groupes présentés dans ce tableau, la dispersion des prix est beaucoup plus faible – en particulier pour l’électronique grand public.

Parmi les États membres de l’UE, le Luxembourg affiche les niveaux de prix les plus élevés pour les meubles et les articles d’ameublement et la Bulgarie les plus bas. Pour les appareils électroménagers, Malte est le pays le plus cher parmi les États membres de l’UE, tandis que la France a le PLI le plus élevé pour l’électronique grand public. Les prix les plus bas pour ces deux groupes sont signalés respectivement en Pologne et en Italie. Parmi les 36 pays, le Luxembourg est encore une fois le pays le plus cher pour les meubles et l’ameublement, tandis que l’Islande a les niveaux de prix les plus élevés pour les appareils électroménagers et l’électronique grand public. À l’autre extrémité, la Turquie est le pays le moins cher pour les meubles et les appareils électroniques grand public.

Indice du niveau des prix de l’énergie, de l’ameublement, des appareils électroménagers et de l’électronique grand public, 2022, UE=100

Source : Eurostat

 

4/ Niveaux de prix des équipements de transport personnel, des services de transport, des communications, des restaurants et des hôtels

Le tableau suivant présente les IPL pour quatre autres groupes de biens et services (voir ci-dessous pour une description du contenu de ces groupes) :

  • matériel de transport personnel;
  • Services de transport;
  • communication (services et équipements);
  • restaurants et hôtels.

Ces groupes représentent respectivement en moyenne 2 %, 2 %, 3 % et 10 % des dépenses de consommation finale des ménages.

La dispersion des prix des équipements de transport personnel n’est pas très significative. Parmi les États membres de l’UE, le Danemark se distingue par un PLI élevé dans cette catégorie. Cela est dû aux niveaux élevés de taxation des voitures. Le niveau de prix le plus bas pour ce groupe de produits a été constaté en Pologne. Parmi les 36 pays, la Turquie affiche le PLI le plus élevé pour ce groupe de produits.

La dispersion des prix est nettement plus élevée parmi les trois autres catégories de services (services de transport, communication ainsi que restaurants et hôtels). En général, les prix des services tendent à présenter des différences plus importantes entre les pays que les prix des biens, en raison de la part plus élevée du travail dans les services et de la forte dispersion des salaires entre les pays.

En ce qui concerne les services de transport, l’Islande affiche le PLI le plus élevé de tous les pays, tandis que la Suède affiche les prix les plus élevés parmi les États membres de l’UE. Le niveau de prix le plus bas parmi tous les pays est observé en Albanie, tandis que la Bulgarie est l’État membre de l’UE le moins cher dans cette catégorie. Parmi les 36 pays, le niveau de prix le plus élevé pour les communications se trouve en Islande et le plus bas en Pologne. Enfin, la Suisse se distingue par les restaurants et hôtels les plus chers, tandis que les prix les plus bas pour ces services sont observés en Macédoine du Nord. Parmi les États membres de l’UE, ces positions sont prises respectivement par le Danemark et la Bulgarie.

Indice du niveau des prix des équipements de transport personnel, des services de transport, des communications et de la restauration et de l’hôtellerie, 2022, UE=100

Source : Eurostat

 

 

 

 

 

 

IX – NIVEAUX DES PRIX POUR L’INVESTISSEMENT EN 2022

Des enquêtes sur les prix réalisées en 2022 dans le cadre du programme Eurostat – OCDE sur les parités de pouvoir d’achat ont été menées. Les deux enquêtes portent sur la construction et les machines, équipements et autres produits. Les résultats des enquêtes sont exprimés en indices de niveau de prix (INP) qui fournissent une comparaison des niveaux de prix des pays par rapport à la moyenne de l’UE (graphique suivant).

En 2022, les niveaux de prix d’investissement les plus élevés parmi les États membres de l’UE ont été observés en Suède, à 27 % au-dessus de la moyenne de l’UE, tandis que dans l’État membre de l’UE le moins cher pour l’investissement, la Croatie, le niveau de prix était de 33 % inférieur à la moyenne de l’UE.

Le graphique suivant montre les INP 2022 pour l’investissement total. La Suisse et la Norvège enregistrent les niveaux de prix les plus élevés pour les investissements, avec des INP de 135 et 130, respectivement. À l’autre extrémité du spectre, le pays le moins cher pour l’investissement est l’Albanie, avec un INP de 59.

Indices du niveau des prix de l’investissement, 2022, (UE=100)

 

 

 

a) Machines, équipements et autres produits (logiciels,,..)

Le graphique suivant montre les INP pour les machines et équipements, y compris les produits et équipements métalliques, les équipements électriques et optiques et les matériels de transport. Parmi les 36 pays, le pays le plus cher pour les machines, équipements et autres produits est l’Islande, avec un INP de 130, tandis que la Pologne est le moins cher, avec un INP de 89. La principale caractéristique montrée par ce graphique est que les niveaux de prix pour ce type de produits sont relativement homogènes entre les pays.

Indices du niveau des prix des machines et équipements, 2022, (UE=100)

 

b) Construction

Le graphique suivant présente les INP pour la construction. Les pays les plus chers en matière d’investissement dans la construction sont la Suède, la Suisse, l’Allemagne, la Norvège et la Finlande, avec des INP de 157, 151, 141, 136 et 130 respectivement. À l’inverse, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine et la Turquie sont les pays les moins chers en matière d’investissement dans la construction, affichant des niveaux de prix inférieurs à 50 % de la moyenne de l’UE.

La dispersion des prix est plus élevée au sein du groupe des 36 pays. Elle est moins importante dans la zone euro (ZE-19) que dans l’ensemble de l’UE. La dispersion des prix pour toutes les catégories de construction est supérieure à celle de l’investissement total, en raison de la part plus élevée de la main-d’œuvre dans la construction et de la forte dispersion des salaires entre les pays. La dispersion des prix est la plus élevée pour les bâtiments résidentiels, suivis des bâtiments non résidentiels.

Indices du niveau des prix de la construction, 2021, (UE=100)

 

 

 

 

X – LES COMPARAISONS RÉGIONALES

Le PIB aux prix du marché dans l’UE était évalué à 13 400 milliards d’euros en 2020, soit une moyenne de 29 900 euros par habitant. Ces chiffres marquent une réduction considérable de l’activité économique par rapport à 2019 : les impacts directs et indirects de la crise du COVID-19 ont entraîné une baisse du PIB de plus de 600 milliards d’euros à prix courants, tandis que le PIB par habitant a diminué de 1 400 euros.

Derrière ces chiffres globaux, il existe des différences considérables entre les régions de l’UE en termes de performances économiques. Entre autres facteurs, ceux-ci pourraient s’expliquer par : la disponibilité des ressources naturelles et humaines ; les changements induits par la mondialisation, tels que la délocalisation et l’externalisation de la fabrication et de certaines activités de services ; l’héritage des anciens systèmes économiques ; développements socio-économiques; proximité ou éloignement géographique des marchés.

 

 

 

 

1/ Les 10 régions de l’UE avec le PIB le plus élevé représentaient plus d’un cinquième de sa production économique totale

Il y a 242 régions de niveau 2 de l’UE pour lesquelles des données sur le PIB sont disponibles. En 2020, les niveaux les plus élevés du PIB régional ont été enregistrés dans les principaux pôles d’activité commerciale (souvent au sein de zones administratives relativement étendues). L’Ile-de-France – la région capitale de la France – avait, de loin, la plus grande économie (710 milliards d’euros de PIB), suivie par la région italienne du nord de la Lombardie (366 milliards d’euros) et la région méridionale allemande d’Oberbayern (€ 274 milliards). Il y avait six autres régions dans l’UE où le PIB se situait entre 204 et 232 milliards d’euros, qui pourraient toutes également être qualifiées de pôles majeurs d’activité commerciale : Rhône-Alpes en France ; Düsseldorf, Stuttgart et Darmstadt en Allemagne ; Comunidad de Madrid et Cataluña en Espagne. Avec Cologne (193 milliards d’euros de PIB), ces 10 régions avec les niveaux les plus élevés de PIB régional en représentaient collectivement 21.

Ces principaux pôles d’activité économique comptent également certaines des populations régionales les plus importantes, bien que leur production économique soit généralement stimulée par les navetteurs qui vivent dans les régions environnantes/voisines. Pour donner une idée de la concentration de l’activité économique dans l’UE, la production combinée des 69 plus petites régions était approximativement la même que celle de l’Ile-de-France, tandis que la production cumulée des 141 plus petites régions était approximativement la même que celle pour les 10 plus grandes régions de l’UE.

La carte suivante est basée sur le PIB régional par habitant (corrigé du pouvoir d’achat puis exprimé en pourcentage de la moyenne de l’UE).

En 2020, des niveaux de PIB par habitant supérieurs à la moyenne ont été principalement observés dans une bande de régions allant des États membres nordiques, en passant par l’Allemagne et les pays du Beneluxjusqu’à l’Autriche et le nord de l’Italie. Sinon, il y avait quelques poches isolées de valeurs régionales relativement élevées pour le PIB par habitant, par exemple, deux des trois régions d’Irlande, des régions spécifiques d’Espagne et de France, ainsi que la plupart des régions capitales restantes. La répartition régionale du PIB était relativement asymétrique dans la mesure où seulement 38 % des régions (92 sur 242) affichaient un niveau de PIB par habitant supérieur à la moyenne de l’UE.

Les régions considérées comme relativement «riches» – où le PIB par habitant était supérieur d’au moins 50 % à la moyenne de l’UE – sont représentées dans la nuance de bleu la plus foncée sur la carte 1. Parmi ces 20 régions, le sud de l’Irlande avait le PIB régional par habitant le plus élevé en 2020 ; son niveau de production économique était 2,7 fois supérieur à la moyenne de l’UE. Il y avait quatre autres régions où la production économique par habitant était au moins deux fois plus élevée que la moyenne de l’UE, elles étaient toutes des régions capitales : Luxembourg, Eastern et Midland en Irlande, Région de Bruxelles-Capitale/Brussels Hoofdstedelijk Gewest en Belgique et Praha en Tchéquie. A noter que certaines régions à très haut niveau de PIB se caractérisent par une forte présence d’entreprises multinationales et/ou de flux pendulaires. Cela peut fausser leurs niveaux d’activité économique, surtout si les immobilisations (par exemple les brevets technologiques) sont domiciliées dans une région. L’Irlande abrite un certain nombre des plus grandes sociétés technologiques et pharmaceutiques au monde.

Il y avait 16 régions dans l’UE où le PIB par habitant était inférieur à 50 % de la moyenne de l’UE; ils sont représentés dans la teinte jaune la plus foncée sur la carte suivante. Ils étaient principalement concentrés en Grèce (six régions) et en Bulgarie (cinq régions), tandis qu’il y avait également trois autres régions des États membres de l’est de l’UE – Észak-Alföld en Hongrie, Nord -Est en Roumanie, et Panonska Hrvatska en Croatie – ainsi que la Guyane et Mayotte (toutes deux Régions Ultrapériphériques Françaises). En 2020, le niveau le plus bas de PIB régional par habitant a été enregistré à Mayotte (en France), à ​​un peu moins d’un tiers de la moyenne de l’UE. Les niveaux les plus bas suivants de PIB par habitant (tous dans la fourchette de 36 à 39 % de la moyenne de l’UE) ont été enregistrés à Severozapaden, Severen tsentralen et Yugoiztochen, tous en Bulgarie.

PIB par habitant en standards de pouvoir d’achat, (SPA), 2020, (indice par rapport à la moyenne de l’UE = 100, par régions NUTS 2)
  Source : Eurostat

 

 

2/ L’Allemagne et l’Italie se caractérisent par un modèle polycentrique de développement économique

La carte suivante est basée sur les valeurs absolues du PIB régional par habitant en termes de SPA. La taille de chaque cercle reflète le niveau du PIB par habitant, tandis que la couleur indique l’évolution du PIB par habitant entre 2019 et 2020 (sur la base de l’évolution d’un indice où la moyenne de l’UE = 100).

Il existe souvent de grandes différences dans les performances économiques des régions entre les différents États membres de l’UE. La grande majorité des États membres multi-régionaux se caractérisent par le fait que leur région capitale affiche un niveau de PIB par habitant beaucoup plus élevé. Dans plusieurs, la région de la capitale – qui agit souvent comme une plaque tournante de l’activité commerciale (et culturelle) – était la seule région où le PIB par habitant était supérieur à la moyenne de l’UE. Cette tendance était évidente dans la plupart des États membres orientaux: Praha (Tchéquie), Budapest (Hongrie), Warszawski stołeczny (Pologne), Bucureşti-Ilfov (Roumanie), Zahodna Slovenija (Slovénie) et Bratislavský kraj (Slovaquie). Les seules régions de France à enregistrer un niveau de PIB par habitant supérieur à la moyenne de l’UE étaient l’Ile-de-France (la région capitale) et Rhône-Alpes (qui comprend Lyon, la troisième plus grande région métropolitaine (derrière Paris et Marseille).

Ainsi, de nombreux États membres multi-régionaux de l’UE se caractérisent par un modèle mono-centrique de développement économique. Seules exceptions : l’Allemagne (où le niveau le plus élevé de PIB par habitant a été enregistré à Hambourg), l’Irlande (Sud) et l’Italie (Provincia Autonoma di Bolzano/Bozen). Leur situation était atypique dans la mesure où elles se caractérisaient par un modèle de développement économique plus polycentrique. Par exemple, le PIB par habitant de la région de la capitale allemande, Berlin, était inférieur à celui de 10 des 37 autres régions allemandes, tandis qu’une analyse similaire pour l’Italie révèle que le PIB par habitant du Latium était inférieur à celui de 5 des 20 autres régions italiennes.

PIB par habitant, 2020; (par régions NUTS 2)
 Source : Eurostat

 

 

3/ Le revenu

Les informations présentées ci-dessus ont déjà mis en évidence que la création de richesse est souvent concentrée dans la capitale et dans d’autres grandes régions urbaines de l’UE. Cependant, il est probable qu’une partie des revenus générés dans ces pôles d’activités commerciales soit attribuée à ceux qui résident dans les régions environnantes où le prix de la propriété et le coût de la vie peuvent être plus bas, entre autres avantages possibles. En conséquence, le PIB par habitant dans les régions capitales et urbaines a tendance à être relativement élevé par rapport aux mesures du revenu, tandis que les régions environnantes se caractérisent souvent par des niveaux relativement élevés de revenu par habitant par rapport à leur production économique.

 

a) Revenu primaire par habitant

Le revenu primaire couvre les revenus du travail rémunéré et de l’emploi indépendant, ainsi que les intérêts, les dividendes et les loyers. En 2019, le revenu primaire par habitant de l’UE était en moyenne de 20 100 SPA. L’utilisation de données en SPA (plutôt qu’en euros) tient compte des différences de niveau de prix entre les pays ; elle reflète également le fait que les dépenses des ménages sont majoritairement liées à la consommation.

En 2019, il y avait 25 régions réparties dans sept États membres différents de l’UE où le revenu par habitant était d’au moins 26 800 SPA; ceux-ci sont représentés par la nuance de bleu la plus foncée sur la carte 5. Ils étaient concentrés en Allemagne (16 régions), les niveaux de revenu les plus élevés se trouvant principalement dans les régions occidentales (plutôt qu’orientales). Cinq autres régions se trouvaient dans États du Benelux et les quatre autres en France, en Italie, en Autriche et en Roumanie.

À l’autre extrémité de la fourchette, il y avait 24 régions réparties dans huit États membres différents de l’UE où le revenu primaire par habitant était inférieur à 11 200 SPA en 2019 (comme le montre la nuance de jaune la plus claire sur la carte 5). Ces régions étaient principalement concentrées en Grèce ou en Europe de l’Est – sept des 13 régions qui composent la Grèce, toutes sauf une des six régions qui composent la Bulgarie (à l’exception de la région capitale de Yugozapaden), la moitié des huit régions qui composent la Roumanie, trois régions de Hongrie, une région de Croatie, de Pologne et de Slovaquie – ainsi que deux régions ultrapériphériques de France.

En 2019, le revenu primaire par habitant variait de 37 500 SPA à Oberbayern (sud de l’Allemagne) à 6 200 SPA à Severozapaden (Bulgarie). Ainsi, le niveau moyen de revenu à Oberbayern était environ six fois plus élevé que le niveau enregistré à Severozapaden. Trois autres régions allemandes figuraient en tête du classement avec les niveaux de revenu par habitant les plus élevés – Stuttgart, Hambourg et Darmstadt – suivies du Luxembourg. A noter que le Luxembourg avait le niveau de revenu le plus élevé en euros (40 300 € par habitant) – légèrement supérieur au chiffre enregistré pour l’Oberbayern (40 100 € par habitant) – bien que le coût de la vie relativement élevé du Luxembourg lui ait valu la cinquième place lors de l’analyse du données en termes de PPT.

Revenu primaire net par habitant, 2019, (en standards de pouvoir d’achat, (SPA), par régions NUTS 2)
Source : Eurostat

 

 

 

b) Revenu disponible par habitant

On vient d’analyser les différences régionales de revenu primaire par habitant dans les régions de l’UE. Cette section se concentre sur les différences régionales de revenu au sein des États membres de l’UE. Plutôt que d’utiliser le revenu primaire net, une mesure plus appropriée à cette fin est le revenu disponible net. Le revenu disponible est calculé en déduisant les impôts sur le revenu et les cotisations sociales nettes du revenu primaire, tandis que les prestations sociales nettes et les transferts courants nets sont ajoutés.

Les différences régionales dans les niveaux de revenu ont tendance à être plus faibles lorsqu’elles sont analysées en termes de revenu disponible (plutôt que de revenu primaire net), en raison de la nature redistributive des systèmes fiscaux et sociaux. Par exemple, on peut s’attendre à ce que les régions ayant des niveaux de revenu relativement élevés paient une part plus élevée / plus importante d’impôts et de cotisations sociales, tandis que les régions où le chômage est élevé, une population âgée ou une population généralement plus vulnérable sont susceptibles de recevoir proportionnellement plus d’allocations de chômage, pensions et autres types d’avantages monétaires. Ainsi, la répartition régionale du revenu disponible par habitant dépend des inégalités de revenu primaire ainsi que des inégalités d’autres facteurs (tels que l’impôt sur le revenu, les systèmes de prestations et de transferts sociaux, les différences de structure d’âge et de taux de chômage entre les régions).

Le graphique suivant met en contraste la distribution du revenu primaire net et du revenu disponible par habitant ; les données régionales pour chacun des États membres de l’UE ont été converties en un indice, basé sur la moyenne nationale = 100. La figure montre que la dispersion régionale des revenus était plus faible pour le revenu primaire disponible que pour le revenu primaire net en 2019. Cette tendance était particulièrement prononcée dans régions des États membres orientaux de l’UE que sont la Bulgarie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie, où la nature redistributive des systèmes fiscaux et sociaux a fait baisser les revenus dans les régions-capitales.

Revenu primaire net et revenu disponible par habitant, 2019, (indice par rapport à la moyenne nationale = 100, par régions NUTS 2)
Source : Eurostat

 

 

 

Michel Braibant
—————————————————————————————————————————

[3] https://www.oecd.org/fr/sdd/prix-ppa/

[4] Eurostat-OECD Methodological Manual on Purchasing Power Parities (2012 Edition), P. Konijn, https://www.oecd.org/sdd/prices-ppp/PPP%20manual%20revised%202012.pdf

[5] Estimating purchasing power parities for the production side of GDP, L. Olislager and P. Konijn, January, 2017, https://ec.europa.eu/eurostat/cros/content/estimating-purchasing-power-parities-production-side-gdp-laurent-olislager-and-paul-konijn_en

[6] Le recul du PIB par habitant de la France traduit surtout l’imperfection des comparaisons internationales, F. Magnien, JL  Tavernier, D. Thesmar, Economie et Statistique Année 2002 354 pp. 3-20, Insee. https://www.insee.fr/fr/statistiques/1376266

[7] Parité de pouvoir d’achat / PPA, Date de publication : 13/10/2016; https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1923

[8] Note méthodologique, Système français de comptabilité nationale, Les Parité de pouvoir d’achat/ PPA, E. Berger, Insee, N° 5 – juillet 2015, https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2832834/les-parites-de-pouvoir-d-achat.pdf

[9] Consommation par habitant en standards de pouvoir d’achat en 2017 La consommation par habitant a varié entre 54% et 132% de la moyenne de l’UE, décembre 2018, Eurostat, https://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/9447637/2-13122018-AP-FR.pdf/2b6ae3d6-d3b1-4ca5-af3f-baee6e434e9d

[10] Consommation par habitant : la France au-dessus de la moyenne de l’UE, L. Sauvadet, Insee première, n° 1784, novembre 2019, https://www.insee.fr/fr/statistiques/4255812

Tableau entrées-sorties mondial (T.E.S.)